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Premiers jalons pour une histoire
de l’industrie du liège en Roussillon (vers 1850-vers 1950)
Paradoxalement, cet essor industriel, perdurant pourtant jusqu’au tournant du XXIe siècle, a laissé peu de traces dans l’historiographie contemporaine. De rares érudits locaux ont évoqué l’histoire de la culture du liège et des activités de bouchonnerie dans les Pyrénées-Orientales. En 1973, Fernand Poirot, auteur d’un ouvrage folkloriste intitulé L’artisanat catalan d’hier à aujourd’hui, y a consacré un chapitre plus particulièrement axé sur la culture du liège. Un fascicule intitulé Le liège à Maureillas-las-Illas et dans le département des Pyrénées-Orientales a été publié en 1991 1. Dans un second temps, une monographie a été réalisée par Jean Tosti, professeur de lettres, sous le titre : « L’exploitation du chêne-liège. L’exemple de Llauro, village bouchonnier 2 ». Cette étude, appelant à une plus grande réflexion, est désormais complétée avec bonheur par une série de publications scientifiques, résultant de colloques récents, tenus en Catalogne du sud de 1999 à 2005 3. Consacrées tant au liège colonial qu’au liège et à la bouchonnerie en Champagne, dans le sud de la France ou le Haut Ampurdan, ces études historiques contribuent à la réflexion présente, exprimée dans cet article en deux questionnements principaux : dans un premier temps, quelle a été la chronologie de l’industrialisation du secteur liège dans les Pyrénées-Orientales ? En second lieu, existe-t-il une spécificité de la production industrielle dans cette partie du département et, dans l’affirmative, comment peut-on la définir? Afin de poser les premiers jalons de cette histoire de l’industrie du liège en Roussillon, ont été utilisés les actes de constitution de sociétés et actes notariés conservés aux Archives départementales des Pyrénées-Orientales, ainsi que les dépôts de marques. Seul un sondage ponctuel des brevets d’invention conservés à l’INPI a été réalisé pour cette étude, un dépouillement systématique s’avérant ultérieurement indispensable pour compléter cette histoire industrielle. Certaines archives privées ont enfin soutenu la recherche initiale. Il leur a été adjoint la consultation d’annuaires locaux et de bilans d’expositions, ainsi que celle d’articles de presse disponibles à la Chambre de commerce et d’industrie des Pyrénées-Orientales. L’essor artisanal dans la première moitié du XIXe siècle Au XVIIIe siècle, selon la recherche de Jean Tosti et les sources concordantes des archives départementales, la culture du chêne liège est pratiquée dans les espaces dominant le littoral, dans le voisinage de la frontière espagnole, au coeur par exemple de la chaîne de l’Albère. Cette culture frontalière offre la particularité d’être pratiquée à la fois par les Catalans du sud et par les habitants de la province du Roussillon. En 1789, les cahiers de doléances du Roussillon mentionnent que la fabrication des bouchons « prend faveur depuis quelques années dans la ville de Collioure », mais que « l’on se trouve dans le cas de manquer de liège, par l’enlèvement qu’en font les fabricans espagnols 4 ». Probablement en souffrance lors de la guerre franco-espagnole (1793-1795), la bouchonnerie est rapidement rétablie comme activité locale essentielle : en l’an V, il existe une fabrique fixe de bouchons de liège à Maureillas, commune située à proximité de la frontière. Ces pratiques frontalières perdurent au début du XIXe siècle : dans les villages de Llauro et de Passa, on signale de même entre 1835 et 1840 des ouvriers d’origine espagnole. Par ailleurs, dès les années 1830, l’exploitation du liège intéresse nettement les notables fortunés, érudits locaux et représentants de l’Etat français, tels Jaubert de Passa, qui publie en 1837 un « Mémoire sur la culture du chêne-liège, sur la récolte et fabrication du liège 5 ». Toutefois, la statistique de l’activité de transformation demeure indigente, la dispersion des ateliers, la fabrication manuelle ne répondant pas alors aux normes statistiques en vigueur 6. Les débuts de la mécanisation sous le Second Empire Le Second Empire, pour sa part, se distingue par les débuts de l’industrialisation. Cette période se caractérise d’abord par un essor quantitatif du nombre d’entreprises et une extension de l’aire de fabrication. En 1856, le village de Llauro est considéré par Jean Tosti comme le principal centre de fabrication de bouchons. Selon cet auteur, il existe alors douze bouchonniers à Llauro, six à Fourques, un à Trouillas. Une décennie plus tard, ce sont douze communes qui comprennent des ateliers de fabrication de bouchons, établis dans les secteurs de Céret, Le Perthus, Le Boulou-Maureillas. Il existe également des fabriques sur la façade maritime, dont trois à Collioure et une à Port-Vendres. La taille des ateliers est variable. En l’absence de mécanisation, des dizaines d’ouvriers y travaillent au couteau. Cette main d’œuvre constitue une source de profit non négligeable pour les employeurs : certains bouchonniers, tels ceux de Llauro, figurent selon Tosti parmi les plus imposés de leur commune. Cet essor de l’activité bouchonnière se confirme par la formation d’associations d’entrepreneurs. Une petite dizaine de sociétés sont en effet fondées dans l’arrière-pays, principalement à Maureillas et dans une moindre mesure, dans les ports de Collioure et Port-Vendres. Ces sociétés pratiquent deux sortes d’activité, d’une part le commerce des lièges : achat des lièges bruts et vente des produits finis, d’autre part la transformation de la matière première et notamment la bouchonnerie. En général à cette période, ces associations sont établies entre deux voire trois individus, à savoir un négociant et un fabricant, et peuvent être constituées verbalement puis avalisées devant notaire. Une grande souplesse est alors laissée à leur fonctionnement, dont le terme est lié « à la volonté d’un des associés ». Sous le Second Empire, elles durent généralement peu de temps, de deux à quatre, voire six ans. Dans leur prolongement apparaissent ensuite les sociétés en nom collectif, témoignant d’une meilleure structuration de la profession. En 1869 est par exemple établie pour quatre ans une société en nom collectif entre Bonaventure Montaner, fabricant de bouchons à Tossa en Espagne et Isidore Frère, fabricant de bouchons à Port-Vendres. Le partage des tâches y est fixé de manière précise. La matière première et la commercialisation des produits finis reviennent à Montaner, chargé de la fourniture et du transport du liège dont il a la concession près d’Estepona, en Andalousie. Celui-ci peut toutefois en conserver une partie pour le convertir en bouchons et le commercialiser à son compte. Propriétaire exclusif des marchandises, Montaner en supporte également les frais de transport et de fabrication, d’assurance maritime et de négoce. Le siège social est fixé à Port-Vendres dans les locaux et magasins du gérant et fabricant, Isidore Frère. Cette association entre un fournisseur d’Andalousie et un fabricant local illustre la permanence des échanges avec la péninsule ibérique. Port-Vendres se distingue en effet comme une plaque tournante de la fabrication et du commerce, et des années 1850 à 1950, ce rôle commercial se renforce nettement avec l’Espagne et l’Algérie. C’est également à cette période que semble débuter la mécanisation des ateliers. En 1869 est par exemple fondée une autre société en nom collectif siégeant à Amélie-Les Bains où un associé apporte un brevet d’invention « pour une machine à fabriquer des bouchons ». Il s’agit d’une machine hydraulique commandée par poulies, comprenant un arbre assujettissant un porte-lame sur lequel est intégré un couteau en acier trempé : « La machine à faire les bouchons, dont je suis l’inventeur, opère mécaniquement le travail du liège avec une économie toute particulière, et une promptitude remarquable ; si bien que je puis obtenir avec cette machine des quantités de bouchons bien plus considérables que l’ouvrier le plus habile (…). En déclarant que je suis l’inventeur de cette machine, je me réserve le droit exclusif de construire ou permettre de construire des machines propres à fabriquer mécaniquement des bouchons de liège, au moyen du couteau sans fin 7 ». C’est donc vers la fin du Second Empire que la région bouchonnière s’étendant dans les zones montagneuses de l’Albère et du Vallespir entre, semble-t-il, dans la phase de mécanisation. Accrue après la guerre de 1870, cette mécanisation entraîne dès lors une augmentation de la productivité et une baisse des coûts de production, favorisant la création d’ateliers de plus ample envergure. L’essor industriel de la bouchonnerie (1870-1918) Ets Trescases à Céret. Gravure s.d . (Col. E.Praca) Après 1870, les raisons de cet essor de l’industrie bouchonnière sont doubles, et tiennent d’abord à une extension de la superficie des suberaies. Lié à la crise phylloxérique en effet, le recul de la vigne en zone de montagne s’est fait au profit de la culture du chêne-liège, comme en témoigne cette annonce de 1892 : « à vendre à Oms, une pièce de terre autrefois vigne aujourd’hui chênes-lièges au lieudit Tachou ». Le Roussillon connaît donc une extension de sa superficie en chênes lièges, contrairement à la lente décroissance française de ce domaine 9. Au terme de la crise phylloxérique, l’essor de la bouchonnerie est ensuite lié au bond en avant de la viticulture locale, et notamment de la viticulture industrielle, telle que la représente notoirement la société des caves Byrrh. Dans une moindre mesure, la bouchonnerie sert également aux activités de droguerie. Selon toute probabilité, les larges bouchons de liège servent par exemple au conditionnement des acides de l’usine de dynamite de Paulilles, près de Port-Vendres, dont les ateliers spécifiques sont fondés vers 1875-1880. En tout état de cause, en fin de siècle, l’industrialisation de la région est patente et imprègne les mentalités : en 1894 un café situé sur la place du village de Maureillas porte l’enseigne du « Café de l’Industrie ». Entreprise de bouchons Horeau, Le Boulou : production pour vins, limonades, poudriers, robinets, tubes et conserves. Les sociétés coopératives Dans son ensemble, cette industrie s’appuie sur un savoir-faire ouvrier important. L’une des spécificités de l’industrie du liège des Pyrénées-Orientales est alors d’accorder une valeur supplémentaire à ce savoir-faire technique, et de traduire cette valeur en termes participatifs. Par exemple, la société Torrent fondée au Boulou en 1874 apparaît en 1887 comme une société coopérative à capital variable où les ouvriers et employés sont actionnaires. Parmi les cinq membres de son conseil de surveillance, « il y aura toujours deux ouvriers » 12. De la même manière, la société de production de bouchons de pharmacie, qui porte le nom de ses fondateurs, s’intitule également « Union ouvrière des bouchons du Boulou ». L’industrie du bouchon à liège se caractérise donc par une participation précoce de la classe ouvrière à la gestion de l’outil de production. Plus généralement, cette démarche traduit selon J.-M. Olivier, « un certain idéal républicain » qui, dans le sud de la France « imprègne les esprits » et s’inscrit dans le fil de la « défense d’une république sociale protectrice des petits 13 ».
Au début du XXe siècle, la bouchonnerie constitue donc la principale industrie de transformation du liège. Outre cette utilisation principale, il existe de nombreuses industries annexes donnant des débouchés au liège, et tenant aux habitudes de consommation. La passementerie, la chapellerie utilisent le liège, surtout employé dans les montures de casques coloniaux, dont la fabrication est liée à la proximité du trafic portuaire port-vendrais à destination de l’Algérie. Enfin la pêche locale utilise toutes sortes de formes de lièges de qualité inférieure, carrés, rondelles ou boules, soutenant lignes et filets. Maxime de la Société des bouchons Torrent au Boulou : « Ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas qu’il te soit fait. Dès la fin du XIXe siècle, certaines sociétés sont donc solidement structurées pour une production spécifique. En 1889 par exemple, la société Torrent investit non seulement dans le bouchon mais aussi dans le négoce du vin. En 1892, elle publie son journal mensuel interne : « Les Bouchons et les Vins ». En 1894, elle crée des succursales à Paris, Levallois et Djidjelli. La guerre de 1914-1918 diminue ensuite le nombre des petites entreprises. Ainsi, sur 12 ateliers existant à Llauro en 1914, 8 perdurent après la guerre, dont un se déplace au Boulou. Ce fléchissement ne grève toutefois pas la vitalité de ce secteur industriel, vitalité qui perdure dans les décennies suivantes. L’organisation industrielle (1920-1950) Dans les grands centres industriels locaux, sous l’effet de la concentration des entreprises, s’affirme dans les années 1920, un effort d’organisation patronale : dès 1920 est créé à Céret le « syndicat des fabricants de bouchons des Pyrénées-Orientales » sous-titré « Industrie et commerce ». Le conseil d’administration est composé de personnalités locales : Palau S. de Céret, Torrent et Trescases du Boulou, Sagols-Taulera et Michel Marill de Maureillas, Martin Planes de Llauro. Cette association de défense des intérêts de la fabrication et du commerce a pour second but « d’étudier avec le plus grand soin les questions économiques, mécaniques, douanières et industrielles ; d'être un organe (de pression) auprès du gouvernement et des transporteurs ». Elle se charge aussi à cette époque de fixer un salaire uniforme aux salariés pour l’ensemble de la profession. Le syndicat est affilié à la Fédération des Fabricants de bouchons de France 15. De même en 1921, se crée à Céret un syndicat sylvicole de défense des chênes lièges, comprenant essentiellement les grands propriétaires de bois. Ce syndicat, tendant à servir d’intermédiaire pour l’achat de produits sylvicoles, est placé sous la présidence d’honneur du sénateur et candidat à la présidence de la République Jules Pams, issu d’une importante lignée de négociants maritimes roussillonnais 16. Il existe des passerelles entre les deux syndicats, les propriétaires de bois de Llauro et de L’Ecluse étant également assesseurs dans le syndicat des fabricants de bouchons. Par ailleurs, dès les années 1920, le marché du liège et de ses dérivés est parfaitement organisé. En amont du marché, la société Ré, société anonyme au capital d’un million de francs, a la représentation exclusive pour le Roussillon des lièges de Kabylie, dont l’importation se fait par Port-Vendres. Les balles arrivant par bateaux complets sont entreposées par la société et réparties entre les bouchonniers de la région venus choisir la marchandise 17. En aval, dès cette époque, s’établit entre industriels un commerce des débris de liège. Selon un artisan du Pont de Céret, l’usinage de 100 kilos de liège servant à la fabrication de bouchons donne en effet 60 à 80 kilos de déchets, provenant du choix initial de la matière, de la fabrication et du triage. Cette masse de rebus est envoyée à la trituration pour la confection de granulés et d’agglomérés de liège. Plusieurs entreprises ou sociétés de Céret ou des environs, dont la société Ré, se spécialisent alors dans cette industrie dérivée. Les rennes de la société Ré sont pour leur part tenus par Pierre Michel Bardou-Job, dernier représentant en ligne directe de la dynastie des industriels du papier à cigarettes de marque Job, confirmant l’emprise de cette dynastie sur l’activité industrielle dans le bassin méditerranéen. L’essor de l’hydraulique et de l’électrification au cours des années 1920, particulièrement sensible dans les Pyrénées-Orientales, contribue au développement de ce secteur d’activité. Dès les années 1925 par exemple, l’usine Sainte Marguerite à Céret, spécialisée dans la fabrication de tresses pour les livrets de papier à cigarettes Job, fabrique, par extension, des lacets pour espadrilles. L’usine électrique servant à alimenter Sainte-Marguerite, également propriété Bardou-Job, fabrique dans le même temps des granulés et agglomérés de liège généralement utilisés « dans l’isolation des immeubles, des caves, des chambres chaudes, des glacières etc. ». Cette entreprise qui utilise les déchets des bouchonneries de Céret, Le Boulou, Maureillas et Llauro, a une capacité de production de 10 000 kilos par jour. Elle produit également des isolations de liège pour les tuyaux et des boîtes pour isoler la glace mais, de mémoire orale « ce dernier produit n’a pas marché ». En définitive, la société Ré, terme abrégé de Réalisation d’Etudes d’agglomérés, confirme la diversification de la production s’opérant dans le secteur de l’industrie du liège, mais également l’usage des innovations basées sur la faible conductibilité du liège. En corollaire de la bouchonnerie se développe donc, à partir du broyage du liège, une industrie dérivée dont les productions sont utilisées dans le bâtiment -combles et planchers-, dans l’isolation des installations et entrepôts frigorifiques et dans la construction des wagons et bateaux-glacières 18. Au cours de la décennie suivante, la compétitivité des entreprises s’accroît. En bouchonnerie, les anciennes sociétés tendent à se renforcer, telle la société F. Palau et ses fils à Céret, au capital de 780 000 francs, ou encore les Ets Goss, Bassède frères et Cie au Boulou également en 1930, dans lesquels sont introduits des capitaux parisiens. Constituées sous forme de sociétés à responsabilité limitée dans une perspective de réduction des risques, leur durée est toutefois prévue pour vingt ou même cent ans. Malgré la crise des années 1930, c’est dans un contexte d’essor technologique et de forte structuration du marché que débute en 1937 le négoce de bouchons de Modest Sabaté à Port-Vendres. Au plan technique, la période se caractérise surtout par l’automatisation du travail : ainsi, en 1934, la société Torrent indique que de nouvelles machines lui permettent d’effectuer le travail « de façon automatique ». L’usine occupe 120 ouvriers et produit 400 000 bouchons par jour. Après la Seconde Guerre mondiale, la création au Boulou de l’entreprise Sabaté, à partir de lièges d’Alger fournis par un négociant de Port-Vendres confirme la poursuite de l’essor industriel entamé à la veille des événements. En résumé, dès les années 1930 « le département des Pyrénées-Orientales figure comme « l’une des meilleures régions bouchonnières de France ». En 1945, 79 entreprises travaillent le liège, principalement le liège désormais en provenance d’Espagne, y occupant un volume de main-d’oeuvre s’élevant à un millier d’ouvriers. Après l’instauration du Marché commun, un décret de 1969 autorise l’importation de produits de liège prêts à l’emploi qui, selon certains auteurs, « ruine l’industrie du liège » dans le département. Cette mesure est à l’origine d’une nouvelle sélection des entreprises les plus performantes, dont la dernière modernisation permet l’accès à un marché d’envergure mondiale, assorti toutefois du corollaire contemporain et social des fermetures et restructurations. En définitive, quel que soit le devenir de ce secteur d’activité, les Pyrénées méditerranéennes demeurent le berceau historique de cette grande industrie internationale. Conclusion Au fils du temps, l’Albère a présenté la particularité de concentrer sur un même territoire plusieurs méthodes de conservation, à savoir d’une part les modes de conditionnement alimentaire que sont le verre et la bouchonnerie, d’autre part l’exploitation et la commercialisation de la glace 19. Dans l’espace méditerranéen qui se prête effectivement à ce type d’expérimentation, cette zone se définit dès lors comme un laboratoire des modes de conservation alimentaire, quoique l’approche plurielle de ces divers secteurs d’activité économique demeure encore un champ d’étude largement ouvert. Par ailleurs, l’Albère figure également comme un laboratoire social, dont le modèle s’est répandu par capillarité dans l’arrière-pays voisin du Vallespir. Dans un premier temps, bien qu’elle ait laissé place à une industrie de type libéral, la précocité du mouvement coopératif, lié de manière concomitante au développement portuaire port-vendrais et à la diffusion des divers courants de l’économie sociale, constitue en effet l’une des caractéristiques de cette industrie locale, alors étirée de la côte à la sous-préfecture de Céret. Dans l’entre-deux guerres, remontant les pans de la montagne, le relais de ce mouvement coopératif sera pris par la classe ouvrière de la région du haut Vallespir, et expérimenté avec succès par l’industrie textile de l’espadrille.
E. PRACA Bibliographie E. Praca, « Premiers jalons pour une histoire de l’industrie du liège en Roussillon (vers 1850 – vers 1950) » in L’Albera, Terre de passage, de mémoires et d’identités, PUP, 2006, p. 253-266.
1 - Pierre CANTALOUBE. Publication à compte d’auteur.
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