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Eugène Bardou et l’église St Joseph
de Perpignan en 1926
Vue du clocher prise depuis l’hôtel particulier des Bardou, Au milieu des années 1880, la famille Bardou, cousine de la branche Bardou-Job, avait procédé à l’implantation d’une nouvelle usine de façonnage du papier à cigarettes dans le quartier de la gare à Perpignan, ensuite érigé en nouvelle et dernière paroisse urbaine. A la suite de l’essor démographique lié à l’expansion de l’entreprise, comptant plusieurs centaines d’ouvriers, avait en effet été édifiée dans ce quartier l’église St Joseph, placée sous la tutelle de François Germa puis de Léon Sans, premiers curés de la paroisse. Le document qui suit est une lettre du 9 février 1926, adressée par l’industriel perpignanais Eugène Bardou (1852-1927) à son associé angoumois Edouard Broussaud, concernant l’achèvement des travaux de l’édifice. Agé de 74 ans au moment de la rédaction de ce courrier, Eugène Bardou est alors l’époux en de Céleste Philomène Mérou, originaire de Béziers, qu’il a épousée en 1900. La lettre de 1926 demande l’avis et le concours financier de l’associé majoritaire, papetier à Angoulême et concerne plus précisément les ultimes travaux se rapportant au clocher. Les sociétés d’Eugène Bardou ayant été modifiées à plusieurs reprises, la lettre porte l’en-tête « Eugène Bardou et Cie, Bardou-Broussaud-Bonfils et Cie, successeurs, Perpignan, Registre du commerce – Angoulême n°1068 ». Sur cet en-tête est apposé le cachet de la « Sté A. des Papiers à cigarettes « Le Nil » Joseph Bardou et Fils au capital de 4.800.000 francs », fondée en 1924 et modifiant la précédente. Cette correspondance illustre le soutien apporté par les industriels du papier à cigarettes au clergé catholique au temps de Jules de Carsalade du Pont, évêque de Perpignan de 1899 à 1932. Elle témoigne de leur poids dans le département des Pyrénées-Orientales, en un temps où d’une part la croissance démographique du chef-lieu apparaît forte (augmentation de 37% de 1921 à 1931 : 73 962 habitants à cette dernière date) et où d’autre part l’ascension des socialistes devient plus pressante et organisée. Elle rappelle en particulier le rapport d’Eugène Bardou à la religion au terme de son existence, la transformation de l’espace rural en espace urbain sous l’effet de l’essor industriel, et le choix du saint patron de la paroisse, Joseph étant également le prénom du père d’Eugène Bardou. Outre la croix juchée sur le clocher, l’industriel et son épouse offrent à l’église de St Joseph l’une de ses cinq cloches, bénite en 1926.
L'église St Joseph sans son clocher.
Lettre d’Eugène Bardou
Cher monsieur et ami, La présente lettre n’est pas commerciale, il s’agit du Clocher de la Paroisse St Joseph. Lors de vos visites antérieures, je ne sais me rappeler si nous vous avons entretenu ma femme et moi, des projets de Mr. le Curé de St Joseph, pour faire ériger un clocher à cette grande paroisse (c’est la seconde à Perpignan) qui dépasse 12 000 âmes. Il a mis ses projets à exécution et son successeur (car Mr Germa a été nommé archiprêtre à Prades) qui est un saint Prêtre, Mr Sans a fait continuer les travaux qui touchent à la fin. Naturellement, le gros établissement industriel de la gare, celui qui, il y a 40 ans attira par sa construction un groupement énorme autour de lui, quand nous l’avons commencé à bâtir, il n’y avait que des jardins et qqes maisons en torchis et roseaux, ce gros établissement a été inscrit pour une participation aussi large que possible à l’exécution de ce travail. J’ai versé personnellement plusieurs millions de francs, pour parer la demeure de notre Saint Grand Patron St Joseph, mais il manque encore de l’argent pour terminer. Monsieur le Curé fait appel à la maison industrielle et me demande un effort. Il est naturel que la maison contribue, je demande tous les soirs dans ma prière la protection de St Joseph et je dois reconnaître qu’il entend souvent mes supplications. C’est une œuvre que nous devons suivre et entretenir, et pour répondre à la demande de notre Curé, je viens vous demander quelle somme vous voulez accorder. Monsieur le Curé compte que le généreux donateur qui lui remettait à son passage à Perpignan une jolie petite aumône, sera encore généreux et aidera ainsi à couvrir la dépense en cours. 2° toujours le clocher = pour couronner l’œuvre, il y a une grande croix en fer sur le sommet. Je vous demande de m’autoriser à faire acheter le fer nécessaire, et Germain fera la croix. J’ai pris mes renseignements, il y aura 250 à 300 f. de fer et la soudure autogène, tout compris ne portera pas la dépense totale à plus de 400 f. environ. Dites moi, je vs prie, si je puis marcher. Sans autre pour le moment. E. Bardou
Sources Lettre communiquée le 28-12-2006 par le Musée du Papier « Le Nil » d’Angoulême, que nous remercions ici. Pour en savoir plus
Mise en ligne le 28-5-2011
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